Je fais ce que je veux.

Publié le par Kwet

Je fais ce que je veux.

 

C'est mon corps, ma tête, j'en fais ce que je veux.

 

Cette affirmation n'était pas si évidente avant.

"Oui oui, tu fais ce que tu veux, mais tu serais mieux avec les cheveux longs / 2 kilos en moins / des vêtements qui cachent plus, etc."

"Oui oui bien entendu que tu décides de ta vie, mais ce serait tout de même mieux si tu faisais comme les autres, ce serait plus facile pour tout le monde, pour t'accepter tu vois."

 

Et puis, au fil des échanges, des lectures, des discours, tu comprends. Je fais VRAIMENT ce que je veux.

Personne n'a le droit de me dire comment m'habiller, comment me coiffer, comment me comporter, comment me tenir, quel poids faire, j'en passe et des meilleures.

Personne n'a le droit d'abuser, d'utiliser, de modifier mon corps à sa convenance, selon ce qui lui semble "normal" ou "décent".

Personne n'a le droit de m'obliger à me taire, de penser, dire et écrire les choses qui lui conviennent si elles ne me conviennent pas.

 

Je pensais que c'était évident pour la plupart de ces gens qui discutent avec moi ou que je lis régulièrement. Apparemment pas vraiment.

 

Apparemment, il y a encore des sujets dont il ne vaut mieux pas parler. Apparemment pour certaines choses, il vaut mieux rester dans son coin, et adopter la posture habituelle de celle qui vit une tragédie personnelle en silence, et dans l'acceptation.

 

Mouais.

Personnellement j'aime bien les grandes tragédiennes, celles qui défoncent tout sur leur passage, qui ne se cachent pas et hurlent à la face du monde d'aller se faire foutre, parce que là tout de suite, elles ont assez payé POUR FAIRE CE QU'ELLES VEULENT. Bérénice qui sanglote bruyamment dans tous les couloirs du palais impérial de Rome, pour que son amant ose enfin lui faire face. Médée qui détruit tout et tout le monde avant de partir, en hurlant de rage. Camille qui rit au visage de son frère et souhaite la chute de Rome entière pour venger son deuil.

Après nous on en est pas là, à notre échelle, tout défoncer sur notre passage ça se résume à rigoler très fort et à se taper sur les cuisses en disant "MÊME PAS MAL RANAFOUT", voir même, et c'est là que c'est beau, penser sincèrement "Même pas mal ranafout".

 

Même pas mal ranafout que je ne vous plaise pas comme je suis.

Même pas mal ranafout que vous n'aimiez pas ma façon de me comporter en société.

Même pas mal ranafout que vous ne me pensiez pas capable de survivre seule.

 

Parce que je ne suis pas la seule à dire "Je fais ce que je veux", et qu'après tout, je ne vais pas le revendiquer pour moi seule, j'accepte d'assister à pas mal de choses. Des choses que je ne comprends pas, des choses que je ne ferais pas, ou pas comme ça en tous cas, des choses qui ont des échos douloureux, des choses qui me seraient insupportables en temps normal. 

J'ai mes limites bien entendu, mais elles ont plutôt tendance à se placer là où l'intolérance existe généralement, et tous les jours j'essaye de remettre en cause ces limites. Une histoire de meuf qui n'aurait pas la science infuse, d'être humain faillible, tout ça, je sais pas si tu vois le genre.

 

Je ne vais pas demander au monde d'arrêter de cracher sa solitude, que ce soit à l'écrit ou dans la vie, même si en observer certains et certaines me troue le bide.

Je ne vais pas demander aux gens d'arrêter d'évoquer leurs histoires familiales compliquées, parce que j'aurais peur que l'une d'elles fasse échos même vaguement à plein de choses qui tourneboulent dans ma tête.

Je ne vais pas m'offusquer ou me révolter parce que certains d'entre vous vivent beaucoup mieux que moi certaines choses qui m'angoissent totalement, et croyez moi, ça peut faire beaucoup de choses parfois.

 

Je ne vais pas vous insulter parce que vous gérez votre vie et les évènements qui la parsèment d'une façon qui ne me semble pas appropriée.

 

Parce que je fais ce que je veux avec moi-même, et que vous, après tout, vous faites ce que vous voulez aussi avec vos propres carcasses.

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