De la pluie.

Publié le par Kwet


 

Ils étaient deux.

Mais qu'est ce que je raconte, forcément ils étaient deux.

Ils s'embrassaient.

Chacun sur son vélo, mais aucune contorsion, aucun manque d'équilibre ne saurait décrocher son visage du sien, décoller sa bouche de celle de l'autre, empêcher cet élan soudain, ce besoin impérieux de s'embrasser. Je les ai trouvés beaux. ça me rappelait mes premiers baisers.

 

Souvent mes premiers baisers se sont passés dans la rue. C'est comme si, avec mon amoureux ou mon amant du moment, il y avait ce besoin soudain de sceller ce qui jusque là balbutiait, de le marquer en public, malgré le public, pour mieux oublier qu'on était en public. Pour mieux oublier un moment tout ce qui n'avait pas de lien avec la bouche et le corps de l'autre. Ce n'est pas ce qu'il se passait après qui est important, ni les étreintes, ni les reculades, ni les mots d'amour, ni les excuses gênées, ni les silences. C'est juste ce premier baiser. Dans la rue. Je me demande si déjà un jour en me croisant pendant l'un de ces instants, j'ai pu inspirer ce même sourire à un passant, le même qui est né sur mes lèvres en les voyant eux deux.

 

J'aime bien la rue. 

J'aime bien la rue la nuit.

J'aime bien la rue la nuit sous la pluie.

C'est peut-être dû à cette image romantique, cette impression que tout ce qui peut se passer dans Paris la nuit sera forcément sublimé. C'est peut-être aussi que la nuit permet de mieux se cacher, la lumière est moins cruelle, l'anonymat plus facile. Ou c'est peut-être juste que j'aime le contact de la pluie sur ma tête, l'eau qui coule sur mon visage, le bruit des gouttes sur la capuche ou le parapluie, les cheveux qui s'affaissent et dégoulinent et collent. Toutes ces choses là que je préfère vivre avec un sourire et dont je profite au maximum. Parfois quand je suis triste , j'oublie le parapluie et je rentre à pieds sous la pluie sur les ponts traversant la Seine. Comme si cette eau sur ma tête, cette eau devant moi, cette eau qui sort de moi, c'était la solution. Ma catharsis à moi.

 

Je pense que celui qui n'a pas veillé toute une nuit pour écouter la pluie sur le toit d'une tente, celui qui n'est pas sorti sous la pluie en chemise, la bouche ouverte et les bras en croix pour en profiter au maximum ou celui qui a arrêté de le faire une fois adulte, je crois que celui là ne saura pas.

 

Ne saura pas le plaisir d'un premier baiser sous la pluie dans la rue la nuit.

Publié dans Ma vie mon cul

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P
Ca m'a fait sourire et me rappeler.<br /> J'ai ce même amour pour la pluie, et cette pluie de printemps qui dure depuis des jours me tente beaucoup. Je te ferais parvenir mon rhume avec beaucoup d'amitié.
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K
<br /> <br /> Oh bah voilà. Par ma faute, les gens vont tomber malades. Mais vont s'amuser. Mais vont tomber malades. Mais vont s'amuser. Mais...<br /> <br /> <br /> <br />